Se libérer du passé grâce au décodage des schémas inconscients
Comme son nom l’indique, la thérapie des schémas s’intéresse à notre mode de fonctionnement. Pourquoi ? Tout simplement parce que le pilote automatique de nos actions et réactions, l’inconscient, agit sous l’influence des expériences passées et plus particulièrement celles que l’on nomme pudiquement les blessures de l'enfance. Et, sans que l’on s’en rende compte, cette forme d’autosabotage est source de souffrance psychique à l’âge adulte. Grâce à cette méthode, il est possible d’analyser et déprogrammer les comportements dysfonctionnels et de faire disparaître les troubles. S’ouvrent alors les portes d’une vie apaisée. Je vous explique en détail cette thérapie comportementale et cognitive !
Les schémas internes, des empreintes émotionnelles cachées
Mise au point dans les années 90 par Jeffrey Young, psychologue de son état, cette thérapie est une approche intégrative, c’est-à-dire qu’elle établit une relation entre les affects émotionnels, cognitifs, physiologiques ou comportementaux d’une personne et son environnement systémique au sens large : familial et social.
Les modèles récurrents de pensées, parfois appelés biais cognitifs, ou de comportements, sont façonnés dans l’enfance et enregistrés par l'inconscient comme étant la manière de faire.
Dès lors, face à une situation ou à un stimulus donné, la réponse de l’individu sera automatiquement la même : cela détermine ses prises de décision et sa vision du monde.
Si ce conditionnement s’inscrit dans un cadre pernicieux, elle devient une distorsion cognitive qui induit une perception faussée des choses et la répétition de réactions inadaptées.
La thérapie des schémas repose sur la compréhension de ces automatismes émotionnels et cognitifs afin de les modifier.
L’identification du modèle inconscient négatif se fait par une exploration, une recherche du trouble originel. L’analyse porte notamment sur les émotions actuelles afin d’établir une corrélation avec celles vécues dans le passé. Cette évaluation met en évidence la raison de ces résurgences et leurs impacts sur les traits de personnalité.
Les troubles liés aux schémas inadaptés de l’enfance
Ils touchent principalement l’équilibre personnel dont le socle est le trio estime, confiance et affirmation de soi. L’impact est majeur sur les plans personnel, sentimental et social, avec à la clef des risques :
● de dépendance affective,
● d’anxiété chronique, de dépression,
● de troubles alimentaires,
● d’isolement,
● de phobies,
● d’insomnie,
● d’addictions,
● de troubles de la personnalité…
Les 18 schémas de Jeffrey Young
Les schémas précoces identifiés correspondent à des situations où les besoins fondamentaux de l’enfant ne sont pas satisfaits ou pas de manière saine. Ils résultent de petites phrases répétées ou de conduites inadaptées comme le chantage, la menace, le délaissement, qui instaurent des croyances limitantes. Ce sont ces dernières qui perturbent la relation à soi et par ricochet, la relation aux autres.
1. Le schéma d’abandon
Il se caractérise par le sentiment d’être indigne d’amour et entraîne des situations d’évitement du rejet. La personne est terrifiée à l’idée qu’on la laisse tomber. Elle nie ses besoins pour satisfaire ceux des autres, pour se rendre aimable, mais parfois pousse inconsciemment les autres à partir, entretenant de fait le sentiment de ne pas mériter d’être aimée.
2. Le schéma d’inhibition émotionnelle
Il concerne les difficultés à reconnaître, exprimer ou gérer de manière appropriée les émotions par crainte d’émotions fortes. Il génère des évitements, une tendance au repli. La personne associe la manifestation des émotions à de la faiblesse, fuit les conflits et néglige ses ressentis.
3. Le schéma d’abnégation
La personne sacrifie ses propres besoins pour satisfaire ceux des autres. Cela entraîne un sentiment de dévalorisation, d’épuisement émotionnel et un profond mal-être. Ses attentes ne sont jamais exprimées, car elle associe cela à de l’égoïsme.
4. Le schéma de punition
Ici, l’autocritique et l’intransigeance dominent. La personne se juge durement par rapport à ce qu’elle pense être des erreurs. Elle se déprécie, se culpabilise, ne pardonne rien à personne et pense qu’il est juste que chacun paye pour ce qu’elle croit être ses échecs.
5. Le schéma de négativisme-pessimisme
Dans ce cas, les événements sont toujours perçus de manière défaitiste, avec une appréhension teintée de désespoir, avec une anticipation du pire. Cela entretient un sentiment de découragement, parfois d’impuissance. Le mode de fonctionnement est la méfiance, une tendance à l’hypercontrôle. La personne préfère partir, ne pas s’attacher, ne pas se réjouir, car les bonnes choses ne durent pas…
6. Le schéma de contrôle de soi insuffisant
Le manque de discipline et de cadre clair engendre des difficultés comportementales de l’ordre de l’impulsivité, de la procrastination. Au quotidien, les relations pâtissent du refus des responsabilités, de la frustration, de l’énervement et de l'impatience que toute tentative de contrôle extérieur suscite.
7. Le schéma d’échec
Le sentiment qu’il est impossible de réussir ou de satisfaire les attentes des autres est prégnant. La dévalorisation, la peur de l’échec et du jugement prédominent. Ces personnes fonctionnent avec des stratégies d’évitements face à tout ce qui pourrait les mettre en difficulté.
8. Le schéma d’assujettissement
La personne n’exprime ni ses besoins ni ses désirs et se sacrifie sur l’autel du bien-être des autres, souvent pour éviter le rejet ou les conflits. Bien que frustrée et insatisfaite, la personne obéit, se suradapte et entretient des relations déséquilibrées.
9. Le schéma de recherche d’approbation et de reconnaissance
Ici, le besoin de validation, d’approbation des autres est excessif. La personne troque sa satisfaction et son authenticité contre l’accord de son entourage et la sécurité que cela lui apporte. L’estime de soi est soumise au regard et à la satisfaction de l’autre.
10. Le schéma de grandeur/droits personnels exagérés
La personne est arrogante, autoritaire et se perçoit comme exceptionnelle, autorisée à tout faire ou dire. Les critiques, les limites ou les interdits sont évidemment mal vécus. Cela se traduit également par le mépris ou l’exploitation sans vergogne des autres.
11. Le schéma de fusion
Celui-ci est également appelé le soi non développé, ce qui est sans équivoque : la personne s’identifie aux autres, n’affirme pas son identité propre. Ses limites individuelles infantiles n’ont pas été respectées. À l’âge adulte, elle se néglige, ne sait pas ce qui est bon ou pas pour elle et sa sécurité. Il n’y a pas de limites saines dans ses relations amicales, professionnelles ou amoureuses.
12. Le schéma de dépendance-incompétence
La dépendance aux autres est telle que la personne a besoin de validation et de soutien pour tout, fuit ses responsabilités, ne sait pas vivre seule. Elle se perçoit comme incapable de gérer sa vie.
13. Le schéma de honte/imperfection
Élevé dans la critique, soumis à l’insatisfaction de ses parents, à leur rejet, ce profil a une perception négative de sa personne. Il se sent indigne, honteux et a une conception de la perfection inatteignable.
14. Le schéma de carence affective
Le défaut d’attention, le manque de soins et les besoins émotionnels ignorés dans l’enfance conditionnent le sentiment d’être indigne d’amour. L’adulte est convaincu qu’il doit se débrouiller seul et tout donner pour mériter un peu de soutien et d’amour. Cette situation est le terreau de la colère et des ruminations.
15. Le schéma de vulnérabilité au danger (ou à la maladie)
La personne voit des risques partout. Elle appréhende chaque situation et manifeste aussi beaucoup d’inquiétude face à la maladie. Son comportement s’inscrit dans la surprotection, l’hypervigilance.
16. Le schéma d’exclusion-rejet
La distance émotionnelle des parents isole l’enfant. La peur du rejet engendre soit une recherche d’approbation constante, soit une distance sociale par crainte de n’être pas apprécié.
17. Le schéma de méfiance-abus
Ce profil, trahi ou maltraité dans l’enfance, anticipe les intentions négatives des autres, jugés comme peu fiables. Il exprime sa méfiance par une distanciation dans ses relations, par un besoin perpétuel de vérification.
18. Le schéma d’exigences élevées/critique excessive
Le retrait émotionnel des parents en cas d’insatisfaction façonne le sentiment de devoir être irréprochable. Les exigences envers soi et les autres sont irréalistes et s’accompagnent d’une tendance à la critique. Cela génère de la frustration et une insatisfaction chronique.
Une même personne peut cumuler plusieurs schémas, comme celui de l’abnégation avec celui de carence affective ou de dépendance-incompétence.
Il convient d’ajouter que si l’éducation parentale est en cause, les parents ne sont pas tous des tortionnaires ! Ce peut être le fait de leur propre éducation, de leurs expériences de vie… On peut nourrir des croyances limitantes même en étant issu d’un milieu bienveillant.
Transformer son expérience et ses pensées automatiques
Cette thérapie de soutien doit être envisagée lorsque des comportements inadéquats ou des croyances négatives impactent la santé mentale et empêchent l’épanouissement et le développement personnel.
La prise de conscience de ces mécanismes automatiques peut se faire à tout moment de la vie. Bien souvent, c’est la souffrance liée à une énième séparation, aux conséquences d’une dépendance affective, à un dysfonctionnement sexuel chez les hommes comme chez les femmes, à une phobie ou à des difficultés relationnelles, qui motive le recours à un thérapeute spécialisé.
La piste du blocage émotionnel est mise en évidence par la récurrence des faits, leur accumulation grâce au questionnement induit par le praticien.
Lorsque le schéma comportemental est clairement identifié, il élabore une stratégie thérapeutique de changement adaptée à la personne et au trouble exprimé.
La restructuration cognitive repose sur des outils de thérapies brèves comme la programmation neuro-linguistique (PNL), les thérapies cognitives et comportementales (TCC), l'hypnose ou bien encore sur la thérapie du mouvement par les yeux (EMDR) si la charge traumatique est importante.
Elle intègre également l’apprentissage de la gestion des émotions, ces gardiennes du corps et de l’esprit. Comprendre leur rôle et savoir comment les accueillir est un laissez-passer vers la pleine acceptation de la personne que l’on est.
Cette désensibilisation n’efface pas le passé bien sûr, mais rebat toutes les cartes du futur, car le retour à l’équilibre émotionnel est possible en seulement quelques séances. Et seul cet équilibre permet des relations interpersonnelles saines.
La thérapie des schémas est une découverte de l’individu et de sa systémie, mais en aucun cas une sanction ou un jugement de l’éducation. La transformation est un voyage intérieur à s’offrir pour trouver les clés du bien-être et de l’épanouissement, car en changeant de regard sur soi, on change de regard sur le monde.