Hypersensibles : comprendre et mieux gérer ses émotions
Hypersensibles : apprivoiser ses émotions pour mieux vivre au quotidien
Chez l'hypersensible, tout est exacerbé, poussé à l’extrême. Les émotions à fleur de peau, il vit chaque situation intensément et ses cinq sens sont très développés. Mais son bagage ne se limite pas à cela : son intuition fait bien souvent office de boussole tandis que l’empathie est élevée au rang de religion. Cette perception des choses lui procure des sentiments divers, notamment celui d’être en décalage avec le monde et son insécurité intérieure est source de souffrance. Pourtant, il est possible d’apprivoiser ce tempérament pour en faire une force. Je vous embarque aujourd'hui pour un voyage au pays de l’hypersensibilité afin de mieux la comprendre et savoir la gérer au quotidien.
Hypersensible, qui es-tu ?
L’hypersensibilité est une réaction disproportionnée aux stimuli émotionnels. Ce trait de personnalité n’admet pas la demi-mesure : les événements, même les plus courants, peuvent déclencher des émotions fortes.
Véritable éponge émotionnelle, l’hypersensible jouit aussi d’une acuité sensorielle particulièrement développée, son radar interne lui fait percevoir des choses qui échappent aux autres.
Cette sensibilité émotionnelle et sensorielle fait de lui un être à part, mais n’est ni un handicap, ni l’expression d’une vulnérabilité : c’est une singularité avec laquelle il faut apprendre à composer.
15 à 20 % de la population serait concernée par cette hyperémotivité qui touche toutes les sphères de la vie : sociale, familiale et bien sûr, amoureuse.
L’hypersensibilité : 10 signes qui ne trompent pas !
Bien que chaque personne soit unique, les personnalités hypersensibles se distinguent par :
● un grand appétit affectif, une soif d’amour,
● une opposition à l’autorité,
● des valeurs fortes comme la justice, l’humanisme,
● un besoin de solitude et d’introspection,
● la nécessité de tout comprendre, une quête de sens perpétuelle,
● des ruminations ou pensées envahissantes,
● un sentiment d’inadaptation au monde,
● leur altruisme,
● leur grande intuition,
● leur empathie.
Sans oublier leur réceptivité sensorielle qui peut rendre les ambiances, les sons, les odeurs ou les lumières insupportables.
Leur absence de filtre les rend parfois contestataires aux yeux des autres et ils se voient souvent affublés de qualificatifs tels que : exigeant, ambivalent, timide, méfiant, anxieux, indécis, pessimiste, fataliste...
Pour ne pas voir leur monde qu’à travers un prisme négatif, il faut ajouter qu’ils bénéficient d’une créativité et d’une imagination débordantes, d’une grande ouverture d’esprit, d’une faculté de compréhension ultra-rapide et qu’ils font preuve d’une lucidité à toute épreuve. Ces âmes curieuses et passionnées ne s’ennuient jamais !
Les dénominateurs communs à tous sont la capacité à ressentir le mal-être des autres, la recherche constante d’attention et les grandes attentes, sources de frustration affective et d’amitiés ou amours toxiques.
L’itinéraire d’un hypersensible peut vite prendre l’allure d’un chemin de croix où la mésestime, l’épuisement et la souffrance ne manquent pas d’être au rendez-vous.
La science explique cette personnalité atypique par un fonctionnement cognitif inné, probablement en grande partie héréditaire. Il ne s’agit ni d’une pathologie, ni d’une faiblesse et encore moins d’une inadaptation au genre humain ou à la société : il est possible d’apprendre à le décrypter pour mieux le gérer.
Le cerveau, berceau de l’hypersensibilité
Elle s’explique par une réactivité cérébrale hors-norme. Les stimuli positifs ou négatifs (joie, peur, stress…) sont ressentis plus intensément, et ce, dès leur détection par l'amygdale. Cette glande, chargée de “l’analyse” des informations d’ordre émotionnel ou des menaces potentielles, s’active plus fortement et amplifie les renseignements reçus. D’autant plus que les zones cérébrales dédiées notamment à l’attention ou à l’empathie perçoivent de manière accrue les messages non-verbaux (expressions faciales, détails, ressentis…).
Le cortex, noyé par ce flot anormalement élevé, ne régule pas correctement les informations et déclenche une réponse émotionnelle surchargée.
Si la génétique explique en partie l’hyperémotivité, elle dépend également de facteurs externes tels que l’éducation, un traumatisme ou une blessure dans l’enfance.
Cependant, malgré les apparences, l’hypersensibilité est un cadeau pour qui dispose des clés de cette boîte à outils extraordinaire.
Il s’agit d’apprendre à gérer ses émotions, l’impact du regard et des dires des autres, mais également les pensées qui tournent en boucle dans une boîte crânienne en ébullition.
Hypersensible, mode d’emploi !
Loin d’être une faiblesse, cette nature est une autre façon d’appréhender le monde, plus subtile, plus profonde. Mais la métamorphoser en atout suppose une grande intelligence émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à reconnaître les émotions (les siennes et celles des autres), à les verbaliser, à les réguler et à les utiliser comme des informations, à bon escient.
Ensuite, il faut apprendre à les accueillir sans culpabilité : elles sont toutes légitimes et disent quelque chose de nous. Elles font partie de nos mécanismes d’adaptation qui traduisent un besoin et orientent le comportement vers la satisfaction de ce besoin.
Il n’est pas question de les refouler, de les nier ou de lutter contre sa nature, mais de prendre le chemin de la connaissance de soi pour s’offrir la possibilité de s'accepter entièrement, dans toute sa singularité.
Pour faciliter le quotidien, il est judicieux de savoir s'échapper des atmosphères néfastes et éviter ainsi un débordement émotionnel ! Les techniques de respiration, de relaxation ou de méditation en pleine conscience permettent d’ancrer rapidement un état d’esprit propice à la sérénité et de créer une bulle de décompression. Ces temps ont pour but d’évacuer les pressions liées à la surstimulation et de lâcher-prise mentalement et physiquement.
Si s’accorder des pauses est crucial, il est nécessaire aussi d’apprendre à être plus mesuré dans son approche, à fixer ses limites et à dire non pour sortir des relations toxiques et de la dépendance affective.
L’hypersensible doit reconnaître les qualités que lui donne ce tempérament : l’altruisme, l’empathie et l’intuition forment un trio enviable, socle de relations humaines authentiques.
Quand consulter ?
L’hypersensibilité est un indicateur, un baromètre interne comme un autre. Le recours à une aide thérapeutique se justifie lorsque l’estime de soi s’écroule ou lorsque la personne en a assez de subir des montagnes russes émotionnelles et leur cohorte de maux : doutes, pleurs, hésitations, épuisement…
La mission du praticien est alors d’aider la personne à comprendre son fonctionnement conscient et inconscient afin qu’elle trouve la paix intérieure.
Les troubles exprimés (peurs, faible amour de soi, blocages…) déterminent l’usage d’outils de thérapie brève comme par exemple la PNL ou l’hypnose. Ceux-ci permettent de canaliser l’intensité émotionnelle rapidement et de prendre du recul.
La finalité est de changer de regard sur son hypersensibilité afin de la voir plutôt comme une mine d’opportunités que comme un fardeau.
Pour vivre mieux, l’hypersensible doit savoir réagir de manière appropriée en toutes circonstances. S’il développe son quotient émotionnel et accepte sa particularité, il saura se protéger de ses propres réactions et pourra jouir de toutes les ressources que lui confère cette différence. Être en paix avec lui-même est le plus beau cadeau que la vie puisse lui offrir, après ses qualités d’être intuitif, sensitif et émotif bien sûr !
