L’influence du cerveau sur le corps ou effet placebo
Tout le monde a déjà fait l’expérience d’être apaisé dans un contexte sécurisant ou après des paroles rassurantes. Un retour au calme impulsé par le cerveau s’appelle un effet placebo. Ce terme est souvent associé au domaine médical, lorsque l’organisme réagit non pas à une substance médicamenteuse, mais à une attente de résultat qui sonne comme une promesse. Cependant, cet effet qui repose sur la puissance de l’interaction entre le corps et le mental dépasse le seul secteur de la santé. Il est transposable à toutes les situations où une amélioration est visible après un sentiment de confiance ou une croyance qui suggère un mieux-être global. Découvrez comment les réactions physiologiques, physiques et symptomatiques sont intimement liées aux pensées, certitudes et émotions, quel phénomène permet de l’expliquer et surtout, comment en profiter au quotidien pour redevenir acteur de son bien-être.
L’effet placebo, croire peut-il déjà soigner ?
La définition du placebo est classiquement pharmaceutique : “substance sans principe actif mais dont la prise peut avoir un effet psychologique bénéfique sur le patient.” Ce procédé thérapeutique, bien qu’il ne contienne aucun médicament, produit un effet sur les patients grâce à un mécanisme psychologique et physiologique.
C’est ainsi que pendant la Seconde Guerre mondiale un anesthésiste injecta aux grands blessés une solution saline pour pallier l’épuisement du stock de morphine avec un effet antalgique bien réel. De même, certains patients ont ressenti les effets d’une opération ou d’une greffe… pourtant non réalisée !
L’histoire de la médecine rapporte depuis des centaines d’années cet effet surprenant. Au fil des siècles, les malades ont reçu de la mie de pain, de l’eau ou des gélules vides de substance, mais tous ont réagi grâce au pouvoir de la suggestion. La puissance du mental est indéniable : il envoie un message et le corps lui répond.
En médecine, l’effet placebo est une réponse psycho-physiologique bénéfique. Elle est parfois si puissante que des patients manifestent un effet nocebo, c’est-à-dire qu’ils souffrent des effets indésirables d’un traitement qui ne leur est pas administré !
Explications scientifiques
La science démontre aujourd’hui clairement que le cerveau joue un rôle central sur la manière dont le corps réagit. S’il croit par exemple dans l’efficacité d’un traitement, il va en anticiper les bienfaits avec un ensemble de manifestations biologiques. Il libère des neurotransmetteurs comme la dopamine ou les endorphines, appelées « molécules du bien-être », qui peuvent :
● réduire la douleur,
● apaiser le stress,
● favoriser une sensation de mieux-être,
● influer sur la qualité du sommeil ou le système immunitaire.
Ce fonctionnement explique pourquoi certaines personnes ressentent un soulagement, même lorsque le traitement reçu est neutre.
Dès lors, il est possible de dire que ce que nous pensons et ressentons a un impact mesurable sur le corps.
Croyances et suggestions, le moteur du conditionnement ?
L’effet placebo s’appuie très largement sur nos convictions personnelles. Ce que nous pensons influe sur la manière dont le corps réagit. Lorsque l’on est convaincu par un traitement ou une approche, cela conditionne une réponse positive du cerveau. À l’inverse, les doutes ou les peurs peuvent le freiner…
C’est la raison pour laquelle le contexte dans lequel évolue la personne qui reçoit le placebo est capital pour son efficacité : un environnement de qualité favorise la confiance et le sentiment de sécurité. La posture des accompagnants, thérapeutes ou non, active un levier fondamental pour enclencher un cercle vertueux via la suggestion.
L’inconscient met alors en action les ressources intérieures en s’appuyant sur des schémas issus des expériences passées.
Comme c’est le cas avec des échecs ou des expériences traumatiques, un soulagement déjà vécu et enregistré par le cerveau va réactiver une stratégie interne.
Si une personne est convaincue par une pratique ou une pensée, son conditionnement déclenche les effets attendus, sans réflexion consciente de sa part. C’est pourquoi le pouvoir de la suggestion et de la persuasion peut être transposé dans de nombreux aspects de la vie, bien au-delà du cadre médical.
La place du placebo dans le quotidien
Cet afflux de confiance et la réponse corporelle obtenue en miroir peut changer radicalement la perception du stress et celle des émotions fortes de manière générale. En effet, le cerveau va réguler les hormones, favoriser le relâchement et l’apaisement des tensions physiques et psychiques. L’autosuggestion est à ce titre un des meilleurs outils de régulation émotionnelle.
Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer le potentiel des habitudes ou des rituels, car ils sont loin d’être anodins sur le mental, et par conséquent sur le corps. Ils sont les alliés notamment de ceux qui souffrent de troubles du sommeil ou de fatigue. Ainsi des pensées positives associées à une routine de coucher contribuent à créer un contexte propice à l’endormissement et au repos.
Pour ceux qui ont besoin de booster leur créativité, leur endurance ou d’améliorer leurs performances sportives, les meilleurs ingrédients sont :
● induire et conscientiser des résultats positifs,
● se sentir prêt et/ou soutenu.
Emploi et limites de l’effet placebo
L’alliance entre le mental et le corps procure un équilibre intérieur et un sentiment de paix indispensable au bien-être général.
Avec une intention claire, le cerveau active des réponses favorables à l’apaisement et à la régulation. Il est donc possible, avec un peu de pratique, de mobiliser en conscience certains mécanismes de l’effet placebo. Ces méthodes s’appuient sur l’autosuggestion, la visualisation ou bien encore sur l’attention portée aux ressentis corporels.
Le pouvoir de l’imaginaire devient un outil de soutien pour le corps.
Il convient néanmoins de ne pas sombrer dans des pratiques contestables du point de vue de l’éthique. L’effet placebo ne dispense pas de consulter un médecin et ne saurait être l’outil dévoyé de la manipulation. Il doit rester ce qu’il est : une technique bienveillante de communication entre le corps et l’esprit !
C’est d’ailleurs ce qu’il faut retenir de l’effet placebo : le corps et le mental ne fonctionnent pas séparément mais bel et bien ensemble, dans une interaction inextricable.
Les sensations corporelles, les pensées, les émotions et les attentes sont la trame d’un dialogue continu. Cela met également en évidence la nécessité de prendre soin de soi, de son discours intérieur et de son regard sur soi.
Cette invitation à repenser sa relation à soi et au soin est le fondement de l’approche holistique où il ne s’agit pas de faire croire pour faire aller mieux, mais de créer un cadre personnel conscient, respectueux et sécurisant où chacun peut mobiliser toutes ses ressources pour redevenir l’acteur principal de sa vie et son bien-être.
L’effet placebo est le révélateur d’une réalité : le corps et l’esprit sont intimement liés et fonctionnent en permanence en mode duo. Ils influent sur nos actions et réactions et régulent ainsi notre équilibre. Savoir le reconnaître redonne à l’humain une place centrale dans son histoire et sa capacité d’adaptation, basée sur l’écoute de soi.